Robert Baldwin (1804-1858)
Bien en vue sur un mur à l’extérieur de la Chambre législative est un portrait de Robert Baldwin, cochef du premier gouvernement responsable du Canada (1848-1851).
Né à Toronto en 1804, fils aîné de William Warren Baldwin, Robert Baldwin marcha sur les traces de son père et devint avocat et homme politique. À titre de politicien réformiste, Robert épousa la cause de son père et préconisa l’introduction du gouvernement responsable, principe qui ferait en sorte que le pouvoir exécutif (le cabinet) soit tenu de répondre de son administration devant le Parlement (élu par le peuple). De fait, lorsqu’il fut élu pour la première fois à la Législature du Haut-Canada, en 1829, le Parlement colonial était toujours assujetti au régime du gouvernement représentatif. Sous un tel régime, la Législature était élue par le peuple, mais le pouvoir exécutif ne connaissait aucune limite. Le premier mandat de Robert ne dura qu’une année et il perdit son siège lors de l’élection de 1830.
Robert rentra dans la vie publique en 1840, alors qu’il fut nommé au Conseil exécutif à titre de solliciteur général, et ce, à l’époque où le nouveau Parlement conjoint entre le Canada-Ouest (l’Ontario) et le Canada-Est (le Québec) fut créé. Toutefois, il remit sa démission peu après, lorsqu’il se rendit compte que le gouverneur général d’alors, Lord Sydenham (1840-1841), refusait de mettre en œuvre le gouvernement responsable. Il brigua plutôt, avec succès, un siège à la Chambre en 1841, devenant ainsi député au Parlement.
Dans ce rôle, il se joignit à ses alliés réformistes canadiens-français, dirigés par Louis Hippolyte Lafontaine, en prônant la justice et l’égalité à l’égard de la population francophone du Québec. Dès 1842, le Parti réformiste pouvait compter sur une majorité des sièges à la Chambre, grâce aux députés qui soit avaient traversé le parquet, soit s’étaient alliés avec eux. En septembre 1842, on convia Baldwin et Lafontaine conjointement, à titre de chefs du Parti réformiste dans leurs provinces respectives, à former un gouvernement. Or, celui-ci se révéla de courte durée. Malgré le succès de plusieurs initiatives, leur administration remit sa démission sous le coup de la colère, l’année suivante, en raison du refus du gouverneur général de consulter le cabinet sur certaines questions.
Lorsque le Parti réformiste remporta l’élection de 1848, Baldwin et Lafontaine revinrent pour diriger de nouveau le gouvernement. Surnommé le « grand ministère », il réussit à mettre en œuvre les principes du gouvernement responsable par le biais de l’adoption de législation telles que le projet de loi des indemnités, lequel indemnisait les victimes des rébellions de 1837-1838 dans le Haut-Canada, et la loi Baldwin, qui apporta des modifications au système de gouvernement municipal. Demeurés alliés durant leur deuxième administration, ils quittèrent tous deux la politique en 1851.