Transcription
Jeudi 1 août 2024
15 minutes (audio)
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Erin : Bienvenue au balado « Parlons du parlement », où nous vous faisons découvrir le Parlement de l’Ontario!
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David : Chaque épisode commence et se termine au son des cloches. Au Parlement, ce son signifie normalement que le sergent d’armes est tout près, surtout tôt le matin.
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Erin : Rappelons que le sergent d’armes est le gardien de la masse et le responsable de la sécurité à la Chambre de l’Assemblée législative et partout sur la propriété.
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David : C’est exact, Erin. Si vous avez déjà assisté à une séance du Parlement en personne ou en avez regardé une à la télé ou en ligne, vous avez peut-être remarqué que le sergent d’armes arrive tôt le matin pour mener le défilé d’entrée dans la Chambre.
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Erin : Vous vous demandez sans doute pourquoi nous faisons ce rappel.
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David : Eh bien Erin, nous avons un invité très spécial avec nous aujourd’hui : Tim McGough, le sergent d’armes en titre.
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Erin : Bienvenue, Tim. Merci d’être des nôtres aujourd’hui.
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Tim : Je suis heureux d’être ici.
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Erin : Vous êtes en poste à l’Assemblée législative depuis à peu près un an. Comment ça se passe?
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Tim : De mon point de vue, tout va bien. Le temps passe vite. Je n’arrive pas à croire que ça va faire un an le 19 juin. L’année a été merveilleuse, les gens sont très accueillants. C’est un endroit super où travailler; il me tarde de découvrir ce que l’avenir me réserve.
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David : Tim, vous avez un parcours atypique. Pouvez-vous nous en parler?
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Tim : En gros, tout a commencé quand j’étais dans la Royal Military Police, la police militaire de l’Angleterre. Je me suis enrôlé dans l’armée britannique à 18 ans. J’y ai passé six ans, et c’est durant cette période que j’ai découvert le Canada. Peu de gens le savent, mais l’armée britannique a une unité de formation à Suffield, dans le sud de l’Alberta. Nous allions nous entraîner dans les prairies. C’était une formation au groupement tactique, donc on y trouve de tout : des chars d’assaut aux hélicoptères, en passant par l’équipement d’infanterie et l’artillerie. Nous faisons là-bas des exercices de tir réel. Comme militaire, j’y suis allé deux fois dans les années 1980. Je ne vous dirai pas les années précises pour éviter de trop me vieillir, mais j’étais jeune. C’est comme ça que je suis tombé sous le charme du Canada. Quand j’ai quitté l’armée six ans plus tard, je me suis demandé où je voulais être : est-ce que je voulais retourner en Angleterre et y rester, ou découvrir le Canada? J’ai fait une demande ici, qui a heureusement été acceptée. C’est comme ça je me suis retrouvé au Canada.
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Erin : Wow.
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David : Un mot sur la température : est-ce que vous vous êtes bien adapté au froid?
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Tim : Il faut bien le dire, ç’a été quelque chose. Je n’avais jamais rien connu de tel avant de venir au Canada. Je viens du Nord-Ouest de l’Angleterre, plus exactement du district Lake, sur la côte près de la mer d’Irlande, où l’air est très humide. Donc il ne fait jamais vraiment très froid. Si l’hiver est rigoureux, il peut faire moins cinq degrés Celsius. Quand je suis venu ici la première fois dans les années 1980 pour mon entraînement, j’ai vécu les deux extrêmes : jusqu’à 40 degrés Celsius l’été, et moins 40 l’hiver. Quand on m’a dit que je devais brancher mon auto, je n’ai pas compris : je me demandais quoi faire. On ne fait pas ça en Europe, brancher son auto. Mais dans l’Est ou l’Ouest, c’est essentiel, sinon la voiture ne démarre pas. J’ai donc dû m’adapter un peu, mais maintenant que je suis en Ontario, je me sens presque comme en Angleterre.
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Erin : Ah d’accord.
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Tim : Je connais bien les conditions météorologiques maintenant.
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David : J’ai une question pour vous. Comment avez-vous joint le Medicine Hat Police Service de l’Alberta et quelles étaient vos fonctions?
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Tim : Je pense que c’est une question d’occasion et de moment opportun. Enfant, je voulais faire partie de la force constabulaire près de chez moi. À 18 ans, j’ai donc présenté ma candidature, qui a été refusée. On m’a dit de m’engager dans l’armée, de parcourir un peu le monde, de gagner en maturité, de vivre des expériences et après, de soumettre à nouveau ma candidature. J’ai suivi ce conseil. J’ai émigré au Canada, et je savais que je voulais faire partie de la police. Lorsque je suis arrivé ici, plus exactement à Toronto, j’ai pris l’autobus du « chien maigrichon » – la société Greyhound – au terminus du centre-ville, et c’est amusant, parce qu’aujourd’hui, j’habite juste en face. De là, je suis parti à Calgary, car je voulais étudier là-bas. Je pensais arriver le jour même, mais il a fallu trois jours, et ce n’était pas très confortable dans un autobus aux sièges en vinyle et sans climatisation. Ce n’était vraiment pas agréable. Essentiellement, quand on arrive dans un nouveau pays – du moins ce fut mon cas –, il faut se débrouiller seul avec ce qu’on sait et les personnes qu’on connaît. Mon seul vrai point de référence, c’était l’Alberta et le Medicine Hat Police Service, puisque l’armée britannique est présente dans le secteur. Je voulais retourner aux études pour décrocher tout de suite un emploi, mais cela s’accompagnait de coûts. J’ai donc obtenu des emplois physiques à Medicine Hat pendant mes études – j’ai travaillé dans une serre et sur des chantiers de construction pour économiser assez d’argent et fréquenter la Mount Royal University de Calgary, où j’ai suivi des cours de criminologie. À l’époque, il fallait être citoyen canadien pour devenir agent de police, mais je n’avais qu’un statut d’immigrant admis. J’étais aux études et travaillais. Par un heureux hasard, le Medicine Hat Police Service était en période de recrutement. J’ai présenté ma candidature, qui a été retenue, et le reste appartient à l’histoire. Voilà mon lien avec ce corps policier.
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Erin : Qu’est-ce qui vous attirait dans le poste de sergent d’armes de l’Ontario?
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Tim : Je suis un peu un mordu d’histoire, et le côté cérémonial me plaisait : l’apparat, les cérémonies qui l’accompagnent, le défilé du président, la tenue ou l’uniforme qu’on porte à la Chambre, tout ça m’intéressait. Toute ma vie, j’ai travaillé dans l’ombre, que ce soit dans les forces de l’ordre ou auprès de la Royal Military Police, quand j’étais affecté à Londres, en Angleterre. Ce que fais maintenant ressemble beaucoup à mes activités londoniennes. Partout dans la ville, il y a beaucoup de rôles cérémoniels associés à la royauté et aux visites de dignitaires.
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David : Quelles sont vos facettes préférées du poste, par exemple des traditions intéressantes auxquelles vous prenez part?
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Tim : Je trouve le défilé très intéressant. J’aime les traditions : à mes yeux, elles nous renseignent vraiment sur nos origines. J’aime donc le fait qu’ici, à Queen’s Park, nous préservions autant de traditions, que ce soit sur la propriété ou dans une partie de notre travail et les protocoles parlementaires appliqués dans la Chambre. Ces subtilités et ces éléments me fascinent.
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Erin : Comment s’est passé votre premier défilé? Était-ce traumatisant ou intéressant?
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Tim : Je ne dirais pas que c’était traumatisant. C’était un peu stressant parce Bruno, comme vous le savez, m’a dit que je devais partir du bureau du président et arriver aux portes de la Chambre en 2 minutes 20 secondes. Je suis donc venu un dimanche, la veille de mon premier jour de fonction. J’étais un peu nerveux, parce tout le monde allait me regarder, du moins le personnel du Service de protection de l’Assemblée législative sous mon autorité. J’ai passé environ deux heures à me chronométrer avec ma montre, partant du bureau du président pour emprunter le couloir et monter les escaliers. Je n’y arrivais pas. Je n’arrivais juste pas à faire le trajet dans les temps. J’avais aussi peur de tomber dans les escaliers : ça paraîtrait mal. Mais j’ai fini par réussir.
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David : Comment vous êtes-vous habitué à porter la masse? C’est bien elle que vous avez en main en ce moment?
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Tim : Oui. Elle pèse 22 livres, ce qui n’est pas si mal quand on doit la porter du bureau du président à la Chambre, mais c’est sûr que je ne voudrais pas la traîner toute la journée.
[00:08:22]
David : Qu’en est-il de l’épée faisant partie de votre uniforme?
[00:08:25]
Tim : L’épée, je crois qu’en fait… comme vous pouvez le voir – mais pas les auditeurs –, je souris. L’épée est un élément très sympathique de mon travail, avec le reste de l’uniforme. Petite info pour les auditeurs : nous célébrons notre 50e anniversaire cette année, et nous travaillons sur une épée commémorative que nous allons faire fabriquer. Elle fera partie des nouvelles épées de mon uniforme de travail, avec un peu de chance, autour de septembre.
[00:08:56]
Erin : Parlez-nous un peu des difficultés que vous avez rencontrées dans vos fonctions de sergent d’armes.
[00:09:00]
Tim : Les difficultés sont surtout d’ordre opérationnel, parce que le Service de protection de l’Assemblée législative compte pas mal d’employés. Je dois aussi superviser la Direction des locaux de l’enceinte parlementaire. Les responsabilités et la contribution au Bureau de l’Assemblée de ces deux entités sont pratiquement aux antipodes. Il est donc difficile de bien saisir leurs différentes facettes, et mon rôle auprès d’elles est un défi, mais heureusement pour moi, les deux directions en poste sont, à mes yeux, la crème de la crème. Tout se passe très bien. C’est un défi, mais évidemment tout se facilite avec le temps. Les difficultés que je rencontre vont de pair avec une entité qui a des problèmes bien à elle en matière de politiques, de formation et de RH. Ce genre de choses fait toujours partie du défi.
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Erin : Qu’en est-il en Chambre? Avez-vous dû confisquer des téléphones jusqu’ici?
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Tim : Nous émettons beaucoup d’avertissements, alors oui, la gestion des téléphones nous tient occupés. Mais je pense que la plupart du temps, c’est involontaire. Évidemment, l’erreur est humaine, et certaines personnes oublient simplement de fermer leur appareil. Je ne serais pas étonné qu’un téléphone sonne pendant que nous parlons…
[00:10:24]
Erin : C’est bien possible!
[00:10:25]
David : Parlant de la Chambre : lorsqu’elle est en séance, vous y avez des responsabilités précises, mais autrement, vous avez d’autres priorités. Qu’est-ce que les gens seraient surpris d’apprendre sur votre rôle et vos fonctions au quotidien? Des choses inusitées, etc.?
[00:10:41]
Tim : Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit de vraiment inusité. Les gens pourraient être surpris de la complexité du rôle. Je sais que dans d’autres provinces ou territoires, le sergent d’armes ne s’occupe que du volet cérémonial : il n’a pas à diriger un grand service de protection ou une direction des locaux de l’enceinte parlementaire. Je pense donc que vu de l’externe – peut-être pas pour les personnes travaillant ici, mais pour des gens de l’extérieur –, ce poste peut sembler toute une responsabilité. C’est un rôle beaucoup plus vaste que ce à quoi je m’attendais. Je crois que c’est l’une des choses qui surprendraient le plus les gens.
[00:11:30]
David : Quand les députées et députés ne se siègent pas, à quoi ressemble votre journée type?
[00:11:35]
Tim : Eh bien, je commence habituellement ma journée comme tout le monde : je lis mes courriels et dresse la liste des choses à faire, comme revoir les politiques. Nous avons un analyste des politiques qui rédige les politiques pour nous, puis nous les passons en revue pour analyser les risques se rapportant à notre travail. En gros, si c’est la période de dépôt du budget, j’examine le budget, des analyses de rentabilisation et autres choses, bref j’effectue des activités opérationnelles usuelles. Voilà à quoi ressemble une journée normale pour moi.
[00:12:04]
David : Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez apporter au rôle? Une touche personnelle que vous avez hâte d’apporter?
[00:12:11]
Tim : Ma contribution n’a rien de personnel; c’est le fruit d’un travail d’équipe. Les superviseurs du Service de protection de l’Assemblée législative et de la Direction des locaux de l’enceinte parlementaire sont extraordinaires. Essentiellement, ils me donnent l’information nécessaire pour améliorer les choses. Le nerf de la guerre pour nous, c’est l’amélioration continue. Nous cherchons toujours à évoluer et à améliorer les choses, pas juste pour la forme, mais aussi parce que nous refusons le statu quo. Nous voulons dominer certains domaines, notamment les bâtiments à valeur patrimoniale ou les pratiques de protection corporelle du Service de protection. Tout ne tourne pas autour de moi : il est question ici de l’organisation et du Service de protection, et de nos progrès. Ma contribution est l’œuvre d’un groupe de personnes, et non de moi seul. L’amélioration continue est le nerf de la guerre.
[00:13:01]
Erin : Un gros merci, Tim, de nous avoir parlé de votre rôle à l’Assemblée. J’ai vraiment l’impression d’avoir beaucoup appris.
[00:13:07]
David : Merci beaucoup d’avoir été des nôtres aujourd’hui. Je vous en suis reconnaissant.
[00:13:10]
Erin : Merci d’avoir écouté le balado « Parlons du parlement », qui nous permet de faire connaître le Parlement. Nous devons vous laisser, je crois entendre les cloches.
[00:13:17]
David : À la prochaine!
[00:13:26]
Erin : Le balado « Parlons du parlement » est une production de la Direction du protocole parlementaire et des relations publiques de l’Assemblée législative de l’Ontario. Les médias sociaux sont également gérés par cette direction. Les recherches additionnelles sont faites par le Service de la recherche à la table de l’Assemblée législative. Merci de nous écouter. Si vous avez aimé l’épisode d’aujourd’hui, merci de nous encourager en partageant le balado et en vous y abonnant. Pour connaître d’autres anecdotes au sujet du Parlement de l’Ontario, suivez-nous sur Twitter et Instagram : @PARLONeducation. Et en anglais : @onparleducation. Merci encore, et à la prochaine!