The Honourable Louis Hippolyte LaFontaine par June Forbes McCormack
© La Collection d’oeuvres d’art du gouvernement de l’Ontario, Archives publiques de l’Ontario
Louis Hippolyte LaFontaine (1807-1864)
Exposé sur un mur près de la Chambre législative se trouve un portrait de Sir Louis-Hippolyte Lafontaine, cochef canadien-français du premier gouvernement responsable du Canada (1848-1851).
Lafontaine est né à Boucherville, au Bas-Canada (le Québec), en 1807. Il se révéla un étudiant doué et travailleur à l’école; toutefois, la routine l’ennuyait et il quitta bientôt le collège. Il fut engagé comme clerc dans un cabinet d’avocats et prit rapidement un goût marqué pour la profession d’avocat. Il fut admis au barreau en 1828 et se lança avec succès dans la pratique du droit. Son intérêt pour la politique se manifesta peu après et il remporta un siège à la Législature du Bas-Canada en 1830. À titre de jeune député, Lafontaine était un partisan passionné du mouvement Patriote, qui luttait pour une réforme radicale du système politique du Bas-Canada. Or, bien qu’il soutînt leurs idéaux en faveur du changement, Lafontaine était en désaccord avec le recours à la violence, recommandé vivement par certains chefs patriotes, pour renverser le gouvernement. Lorsqu’une rébellion armée éclata au Bas-Canada en 1837, Lafontaine refusa de prendre part aux hostilités, assumant plutôt le rôle de médiateur entre le gouvernement et ses collègues patriotes. L’habileté dont il fit preuve dans ce rôle lui mérita beaucoup de respect des deux côtés.
Lorsque l’union du Haut-Canada et du Bas-Canada fut confirmée en 1840, Lafontaine croyait qu’elle saurait aider à la préservation de la population francophone du Québec. Il présenta sa candidature lors de l’élection de 1841, sans toutefois gagner son siège. En réaction contre cette défaite, et pour soutenir son allié canadien-français, Robert Baldwin démissionna du siège qu’il avait remporté à York et conseilla à Lafontaine de se présenter lors d’une élection complémentaire tenue pour le remplacer. Grâce à l’aide de Baldwin, il gagna sans difficulté. À partir de ce moment, ces deux hommes cimentèrent une amitié profonde et durable qui se maintiendrait jusqu’à la fin de leurs carrières politiques.
Dès septembre 1842, le mouvement réformiste s’était attiré assez de partisans au sein du Parlement pour que l’on lui propose de former le gouvernement. Ainsi, le gouverneur général demanda à Lafontaine, qui représentait les intérêts réformistes du Canada-Est, et à Baldwin, qui représentait ceux du Canada-Ouest, de constituer, conjointement, une nouvelle administration. Pendant son mandat, Lafontaine a œuvré inlassablement pour prouver que l’union des Canadas pourrait faire avancer les intérêts du Canada français. Parmi ses initiatives, mentionnons : un remaniement de la carte électorale du Canada-Est pour augmenter l’influence des francophones, le déménagement de la capitale de Kingston vers Montréal et le rétablissement du français comme langue officielle dans les archives des tribunaux et du Parlement. Malheureusement, en raison de différends avec le nouveau gouverneur général, Sir Charles Metcalfe, l’administration Baldwin-Lafontaine remit sa démission au début de 1843. Pendant les quatre prochaines années, Lafontaine demeura au Parlement à titre de chef de l’opposition.
Baldwin et Lafontaine rentrèrent au pouvoir en 1848. Peu après, Lafontaine annonça une nouvelle politique linguistique qui reconnaissait le français comme langue officielle de la Législature. Par ailleurs, c’est au cours de cette deuxième administration réformiste que le gouvernement responsable – c’est-à-dire l’obligation du Conseil exécutif, ou cabinet, de répondre de son administration devant la Législature – fut confirmé comme forme de gouvernance principale au Canada. Or, des années de luttes politiques commençaient finalement à saper les forces de Lafontaine au cours de son deuxième mandat comme premier ministre. Face à une santé chancelante et à des luttes de plus en plus frustrantes au sein de la Législature, il choisit de quitter la politique en septembre 1851, peu après son collègue Baldwin, qui s’était retiré à peine deux mois auparavant.